Le COVID 5 ans après : une journée d’analyse

proposée par le Monde  le 26/02/25 avec des tchats tout au long de la journée et de nombreux articles liée : ici

Pour approfondir

Récit. Il y a cinq ans, ces semaines cruciales qui ont vu dirigeants mondiaux et scientifiques tâtonner face à une crise inédite

Décryptage. Cinq ans après le début du Covid-19, la France est-elle mieux préparée pour la prochaine pandémie ?

Etude. Cinq ans après, le bilan des pays européens qui ont le mieux réagi

Reportage. A Codogno, première ville italienne touchée par le Covid-19, il y a cinq ans, des « certitudes balayées » et des traumatismes qui durent

Reportage. Retour à Wuhan, la ville chinoise où tout a commencé il y a cinq ans

Décryptage. Cinq ans après une déflagration mondiale, une maladie presque banale

Chronique. Didier Raoult dans « Le Monde », de scientifique « anticonformiste » à « nouvelle égérie des complotistes »

Extraits du Tchat avec Arnaud Fontanet :

Ce qui est clair, c’est qu’il y a une accélération dans l’émergence des maladies infectieuses depuis vingt-cinq ans, comparé aux périodes précédentes. La fin du XXe siècle a été marquée par le VIH-sida (pandémie majeure) et Ebola.

Depuis le début du XXIe siècle, nous avons connu trois nouveaux bétacoronavirus (SRAS, MERS, Covid-19), la grippe A(H1N1), Ebola en Afrique de l’Ouest, Zika, et mpox. Ceci est lié à une augmentation des contacts avec la faune sauvage, favorisée par la déforestation et les marchés d’animaux, et des conditions d’élevage avec des concentrations très élevées d’animaux dans les élevages industriels favorisant les échanges de nouveaux virus.

S’y ajoute l’augmentation des populations de vecteurs (moustiques Aedes notamment) du fait du réchauffement climatique. On a connu l’année dernière une épidémie de dengue sans commune mesure avec celles des années précédentes au Brésil. Nous devons donc nous attaquer à ces causes d’émergence, notamment en luttant contre le réchauffement climatique, la déforestation, les marchés d’animaux sauvages, et en repensant l’élevage domestique industriel, et continuer nos efforts de préparation aux pandémies. Pour le permafrost, le risque théorique existe, mais les conditions d’émergence citées plus haut me paraissent plus immédiat.

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La plupart des pandémies sont dues à des virus d’origine animale. Il vaut donc mieux contrôler les points de passage de ces virus vers l’homme. Il s’agit des contacts avec les animaux sauvages, et là la chasse des grands primates en Afrique centrale et les marchés d’animaux sauvages en Asie sont de grands pourvoyeurs de nouveaux virus.

Il faudrait trouver des activités de substitution à ces pratiques très dangereuses pour nous. La déforestation joue aussi un rôle important en déplaçant les chauves-souris, elles-mêmes réservoirs de nombreux virus dangereux pour l’homme. Et il y a les élevages domestiques, notamment les volailles et les porcins, qui nous amènent de nouveaux virus de grippe. Il est très important de mieux surveiller les conditions d’élevage, et la circulation des virus dans ces populations animales et chez les fermiers à leur contact.

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Il est très difficile de prédire à quoi la prochaine pandémie pourrait ressembler. Ce qui est clair pour nous, sur la base de ce qui a été observé pendant la pandémie de Covid-19, c’est qu’une réponse précoce est la clé. Pour cela, il faut des systèmes de surveillance opérationnels qui permettent de suivre en temps réel la circulation d’un nouveau virus.

De nouveaux réseaux de surveillance sont actuellement mis en place par Santé publique France, dans les hôpitaux et les laboratoires de ville. On s’est rendu compte également que les virus pouvaient être détectés très tôt dans les eaux usées, ce qui permet d’avoir un signal précoce, notamment quand il est encore difficile d’avoir suffisamment de tests pour faire les diagnostics en population. Maintenant, il est difficile d’anticiper ce que pourrait être la réaction de la population face à une nouvelle menace : je pense par exemple que l’adhésion aux mesures serait d’emblée très forte si la prochaine pandémie touchait les enfants.

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On estime, à ce jour, que plus de 20 millions de vies ont été sauvées grâce à la vaccination. C’est autant que de personnes mortes de la pandémie jusqu’à la fin de l’année 2022. Et, oui, le vaccin a permis de freiner la diffusion du virus. Il n’y a d’ailleurs plus eu de confinements en Europe une fois que les vaccins ont été déployés.

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On sait faire des vaccins contre la grippe, et maintenant contre les coronavirus. On peut donc espérer mettre au point un vaccin rapidement contre des pandémies liées à ces virus. Mais il ne faut pas oublier qu’il faudra ensuite tester ces vaccins chez l’homme, même si ces tests peuvent aller plus vite quand ce sont des vaccins déjà utilisés dans le passé, et surtout les produire en quantité suffisante. On parle de milliards de doses s’il faut protéger la planète, et cela prendra plusieurs mois. Il faudra donc de toute façon gérer une première vague, et les leçons de la pandémie Covid-19 sont très importantes à ce titre.